J’ai eu le grand plaisir à participer samedi matin à une discussion animée et très intéressante sur les liens tissés au 19e siècle entre l’Océan Indien et le Pacifique par le biais des travailleurs (engagés et libres, affranchis, petits blancs et Malabars) qui ont quitté La Réunion afin d’améliorer leur statut social dans une colonie lointaine, la Nouvelle-Calédonie. C’était merveilleux de faire la connaissance des hôtes Ananya Jahanara Kabir et Ari Gautier ainsi que de Samia Khatun qui a présenté son travail fascinant sur le livre (en bengali) de poésie soufie qu’elle a trouvé dans une mosquée à Broken Hill en Australie. Le livre avait traversé les océans avec les chameliers de Kolkata à la fin du 19e siècle. Si vous voulez en savoir plus, l’épisode du thinnai kreyol (le thinnai Pasifika) est accessible ici sur Youtube.
Quand Ari Gautier m’a présentée aux spectateurs du thinnai kreyol, il a lu l’un de mes poèmes, « Migrations métamorphiques ». C’était une belle surprise de l’entendre et je me suis dit que j’allais le partager ici sur mon blog. Et le voici… j’espère que cela vous plaira !
Migrations Métamorphiques
Ces histoires
de famille
fascinantes
et fabriquées
qui créent
un certain sens
de réconfort
dans ces
milieux sociaux
inhospitaliers
Ces voyages
de l’ouest à l’est
du nord au sud
du noir
au blanc
ou presque
Ces stigmates
encore frais
inscrits par force
dans notre chair
camouflés
sous les jupes
mousseuses
de la société
coloniale
Cette communauté
qui cache
nos passés
qui sont toujours
manifestes
dans le rougay
et le kari
ces plats
savourés
avec gourmandise
mais jamais
non jamais
questionnés
Un nouveau départ
une nouvelle vie
Chut
Motus et bouche cousue
restons solidaires
les couturières
nous tisseront
une autre tapisserie
pour la famille
dans ce pays
du non-dit
@Karin Speedy 2017
